Chez nous, tout le monde cuisinait. Mon frère se targuait de préparer le meilleur bouillon au monde. Mon père pouvait nourrir une armée avec son Chulent (un ragoût), Gefilte fish (quenelles de poisson) qui étaient célèbres à travers tout Ramat-Gan, la ville israélienne où j'ai grandi, avant d'émigrer au Canada. Quant à ma mère, trop tôt disparue, elle m'a laissé en héritage la mémoire de ses soupes et de ses gâteaux - souvenirs qui se sont inscrits dans mon ADN, et qui ont mis du temps à émerger de mon subconscient.
Chez nous, la nourriture était l'ultime d'acte d'amour, que l'on accomplissait en sifflant ou en fredonnant. Comme dans bien des familles d'exilés, nos recettes étaient inspirées par les lieux où nous avions vécu et les traditions que le hasard de la vie a mis sur notre chemin. Cuisine moyen-orientale, polonaise, juive, française, italienne, nord-africaine, européenne de l’est à l’ouest et du nord au sud, ou nord-américaine, c'était un savoir acquis au fil des événements, et qui passait par tous les sens : l'odorat, le goût, l'ouïe, le toucher...
De la même manière, ma musique emprunte des sons et des harmonies aux univers et cultures que j'ai connus, depuis ma prime enfance polonaise jusqu'à mon atterrissage à Montréal. Dans ce livre/blogue, je veux en quelque sorte tisser un lien entre mes deux passions, mêler des histoires et des recettes, sur une fond de trame musicale qui leur correspondent.
Afin que les lecteurs prennent plaisir à pétrir la pâte, à couper des courgettes et des poivrons, à égoutter leur fromage labneh ou à confectionner une sauce aux champignons en sifflotant ou en fredonnant avec moi...
Bienvenue dans l'univers de Gnocchis Blues...