Israël...

Israël...

« Alors, c’est quoi la première? » Çela fait deux jours que nous sommes arrivés chez mon neveu Dotan qui vit dans un moshav, un village du nord de la Galilée, en Israël. Avant d’arriver en Israël, j’avais confié à mon neveu la réalisation de quelques-unes de mes chansons. Une première collaboration familiale pour moi !

Après un week-end de retrouvailles émouvantes, tout en chanson et cuisine, nous voici prêts à commencer les premiers enregistrements.

Nous sommes sur le point d’entrer en studio mais je ne sais toujours pas par quoi commencer. En plus de mes nouvelles chansons, j’aimerais revisiter deux de mes « classiques », Bonjour maman (album 2 Univers) et J’aimerais te dire (album Balagane.)

Ma fille Arielle est à mes côtés, il fait un temps magnifique, nous sommes assis sous un olivier avec vue sur la vallée d’Israël et les majestueux sommets du Golan. L’ingénieur de son, Shahar, me demande : « Alors, c’est quoi la première? »

Et je m’entends dire : « Bonjour maman. » C’est parti…

C’est difficile de transmettre l’émotion que j’ai ressentie pendant l’enregistrement de cette chanson que j’avais écrite sur le coin d’une table dans un bar au coin de Saint-Denis et Rachel, il y a une vingtaine d’années. Mon neveu a fait des arrangements sublimes, que j’entendais pour la première fois. Et me voici en studio en Israël – le pays où j ai grandi et où ma mère est enterrée.

Quelque chose de magique s’est produit ce matin-là. Les nouveaux arrangements et la présence de ma fille m’ont amené instinctivement à demander à Arielle d’ajouter sa voix sur un couplet et sur le refrain de la chanson.

Je dois vous dire que lorsqu’elle s’est mise à chanter, Shahar a eu les larmes aux yeux, les nombreux poils de Dotan se sont dressés sur ses avant-bras, et moi, le papa, je braillais comme un veau en entendant la voix de ma fille sur cette chanson dédiée à sa grand-mère.

Sur cette lancée, on a enregistré plusieurs autres chansons que je partagerai avec vous dans les jours qui viennent. Mais en attendant, j’aimerais aussi partager avec vous la suite de cette journée magique…

Une fois les larmes bien séchées et les yeux essuyés, alors que nous prenons un café noir au soleil, Arielle pointe son doigt vers les sommets et me demande : Est-ce qu’on peut aller là-bas?

Il n’en fallait pas plus pour nous mettre sur la route. Objectif : visiter un village druze et déguster des crêpes au fromage labneh chaud, que l’on sert avec des olives faites sur place.

Arielle et moi on salive juste à y penser en roulant sur la route 90 vers l’extrême nord du pays, mais ça ne nous empêche pas de nous arrêter en chemin dans un bouiboui connu pour ses fallafels et son houmous. Mon ado de fille en a oublié la poutine!

Nous sommes à une 20e de kilomètres de la frontière entre la Syrie, le Liban et Israël. À un moment, nous ratons une sortie et nous cognons carrément le nez à la frontière.

Pas grave : ça nous a permis de voyager sur une route sinueuse avec un panorama à couper le souffle.

Pour se rendre sur le Golan, nous empruntons une route secondaire, on ne se rend pas compte tout de suite mais on monte, et on monte. Après quelques virages, on réalise qu’on est vraiment haut. Avis aux personnes souffrant de vertige!

Partout, des panneaux trilingues (arabe, hébreu et anglais) identifient les villages éparpillés dans les hauteurs.

À la croisée d’une route, un panneau nous indique un site archéologique où est préservé le château d’Hérode. Rien que ça! Encore 20 minutes et nous voici arrivés au village druze.

Avant de garer la voiture, nous apercevons un restaurant annonçant du labneh frais et des olives. C’est exactement ce que nous cherchions.

Attablés à un comptoir, nous faisons face à un bidule qui ressemble à un wok inversé chauffé par une cuisinière au gaz, et sur lequel le patron déverse son mélange de pâte qui, une fois cuit, ressemble à un pain pita très plat.

Dès qu’elle est prête la crêpe est badigeonnée de labneh, d’un peu d’huile ou d’assaisonnements bien relevés. Il n’y a plus qu’à la rouler et à la manger accompagnée d’olives et d’un thé à la menthe.

Les Druzes sont un peuple chaleureux, nous avons sympathisé avec deux d’entre eux en mangeant notre pita avec olives. On n’a pas manqué de rapporter deux boîtes d’olives fraîches et du houmous avec nous.

Nous sommes ensuite redescendus vers la vallée inondée par le soleil couchant. C’était une manière extraordinaire de clore cette journée incroyable.